Anicka Yi - The Flavor Genome

Hors Les Murs Du 26.06.2020 au 10.01.2021

Courtesy of the Fondation Louis Vuitton. Work presented in partnership with Solomon R. Guggenheim Museum, New York © Anicka Yi

Lieu
Espace Louis Vuitton München
Maximilianstrasse 2a
80539 München
Tél.
+49 89 55 89 38 100,
Horaires
Lundi au vendredi : 12h - 19h ; Samedi : 10h - 19h

Dans le cadre du programme "Hors les murs", l’Espace Louis Vuitton München vous invite à découvrir une œuvre emblématique de l’artiste américano-coréenne Anicka Yi, The Flavor Genome (2016), lauréate 2020 du prix « Award for the Filmic Œuvre ». Ce prix est présenté par Louis Vuitton en association avec le festival biennal de Munich KINO DER KUNST, qui étudie le lien entre art visuel et cinéma. Cette projection 3D est mise en avant en corrélation avec une œuvre de l’artiste américaine Trisha Donnelly. Les deux œuvres, qui appartiennent à la Collection, sont présentées dans le cadre du programme « Hors-les-murs » de la Fondation Louis Vuitton.

Née en 1971 à Séoul (Corée du Sud), Anicka Yi étudie le monde animal, explorant la rencontre entre espèces, l’hybridité et la pollinisation. The Flavor Genome est une réflexion approfondie sur l’union plante-animal et le potentiel des senteurs et des saveurs artificielles. Tourné en 3D au Brésil, dans la forêt amazonienne, le film entremêle des scènes où l’on voit l’artiste compiler des données (tout en se promenant avec langueur dans une serre d’orchidées ou en se faisant transporter à bord d’un canot), des scènes animées montrant des cellules et des micro-organismes, et un scientifique anonyme travaillant dans son laboratoire sur des pétales d’orchidées. De plus, de nombreuses juxtapositions surréalistes associent des souvenirs de science-fiction à un vocabulaire scientifique résolument biomédical, montrant une perception de la nature influencée par de nouvelles avancées scientifiques et technologiques, ainsi que l’épuisement des ressources dans l’hémisphère Sud causé par une consommation incontrôlée dans les sociétés occidentales.

En parallèle, la vidéo Untitled (2008) est une excellente illustration de l’œuvre de l’artiste californienne Trisha Donnelly. Figure emblématique de la scène artistique new-yorkaise, Donnelly développe une pratique singulière composée de formes hybrides qui peuplent un monde à la fois étrange et familier, où les images numérisées ou filmées sont manipulées, modelées ou déchiquetées au point de ne pas exister, ressemblant à un organisme vivant, malléable et sensible exposé à toutes les utilisations possibles par l’artiste. Grâce à des projections hypnotiques, Donnelly nous met au défi de regarder au-delà des apparences, nous impliquant dans une expérience sensorielle intense. Toutes ses œuvres sont intitulées Untitled et ne sont jamais accompagnées de cartels ou de textes de présentation. Untitled (2008) est ainsi emblématique : une expression énigmatique de l’incommunicabilité, représentée par un collage Internet contemporain et surréaliste, mêlant rayons d’énergie ou d’éclair rayonnant d’une rose, une photo d’une femme en uniforme fumant une cigarette, et un mystérieux brouillard synthétique. Qu’il s’agisse de vision ou de réminiscence, cette imagerie mentale crée un sentiment d’étrangeté suspendu dans le temps.

À travers un montage visuel et l’étude des parfums, ces deux artistes s’intéressent à la façon dont les sens et la perception influencent notre comportement - selon les mots d’Anicka Yi, « une biopolitique des sens ». Cette exposition, qui confronte les œuvres corollaires des deux artistes, présente des œuvres volontairement étranges et fantastiques, axées sur un monde naturel influencé par de nouvelles avancées technologiques et scientifiques.

Les artistes

Anicka Yi

S’appuyant sur les recherches de scientifiques, biologistes et parfumeurs, Anicka Yi élabore depuis une dizaine d’années une œuvre singulière à la croisée du politique et du macrobiotique.

L’artiste, née en Corée du Sud, vit depuis l’âge de deux ans aux États-Unis, d’abord en Alabama puis en Californie. Elle dit avoir vécu dans une famille coréenne-américaine. Après des études au Hunter College (New York), elle vit à Londres où elle travaille pendant quelques années comme styliste de mode et rédactrice de publicité. Âgée d’une trentaine d’années, elle commence à expérimenter la pratique artistique tout en se passionnant pour la parfumerie et la science.


Périssables, ses matériaux de prédilection sont aussi variés que des fourmis, de la fourrure, des fluides corporels ou des bactéries détournés à des fins d’installations, de sculptures et de films. Résultats d’une alchimie d’expérimentations et de matières – souvent incompatibles –, ses œuvres sont immersives par le biais d’une vidéo 3D ou d’environnements olfactifs. Tout en cherchant à rompre avec la suprématie du visuel, Anicka Yi s’intéresse à la façon dont les sens et la perception sont culturellement conditionnés et parle à ce sujet de « biopolitique des sens ».


Son exposition « You can call me F », conçue en 2015 avec le biologiste Tal Danino et présentée à The Kitchen à New York, posait, à travers des cultures de bactéries, la question What does feminism smell like ? Yi et Danino ont poursuivi ce travail lors d’une résidence au MIT sur le thème « The Art and Science of Bacteria ».
En 2016, Anicka Yi a reçu le Prix Hugo Boss décerné par le Solomon R. Guggenheim Museum de New York. C’est là qu’elle a présenté, en 2017, sa première exposition « Life is cheap » qui explorait son « intérêt sociopolitique pour l’olfaction ».

Trisha Donnelly

En 2002, Trisha Donnelly réalise l’un de ses « events » les plus fameux. Arrivée à cheval et habillée en soldat napoléonien à la galerie Casey Kaplan, l'artiste annonce que l'Empereur a abdiqué. 

Restée légendaire, cette intervention surréaliste résume l'étrangeté et le mode d'action du travail de Donnelly : des expositions qui s'animent de manière fragmentaire, des œuvres qui prennent forme dans un non-sens et qui refusent la communication habituelle pour se transmettre par l'allusion. En 2005, lors de son exposition à la Kunstverein de Cologne, l'artiste diffusait Untitled (2005), pièce sonore à partir d'un enregistrement d'orgue, seulement quelques minutes, lors de l'ouverture de l'exposition et de sa fermeture. Aux visiteurs tardifs ou pressés, l'exposition réservait dessins et constructions mais également une voix d'outre-tombe qui à intervalles irréguliers faisait entendre la phrase « ohh egypt ». Dans ses développements mystiques et son esthétique éthérée, l'œuvre de Donnelly n'est pas sans évoquer l'ésotérisme des années 1960. Néanmoins, c'est bien au regard d'une période contemporaine, portée par l'hyper-communication, la fragmentation des images, leurs collisions et la consommation rapide, que se construit son œuvre. Celle-ci n'est pas autoritaire, elle fait grâce au spectateur d'investir ou non son travail, d'accepter ou non la partie.