Joan Mitchell / Carl André : Fragments of a landscape
- Date
- Du 10.02.2021 au 04.07.2021
- Lieu
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Espace Louis Vuitton Osaka
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Louis Vuitton Maison Osaka Midosuji 5F
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2-8-16, Shinsaibashi-suji
- Tél.
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+81 3 3515 0855
- Horaires
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12:00 - 20:00
Pour son inauguration, l’Espace Louis Vuitton Osaka est fier de présenter « Fragments d’un paysage », une exposition rassemblant les œuvres de deux grands artistes américains : Joan Mitchell, peintre et représentante de l’expressionnisme abstrait d’après-guerre, et Carl Andre, sculpteur et membre actif du mouvement minimaliste du début des années 1970. S’inscrivant dans le cadre du programme « Hors-les-murs » de la Fondation Louis Vuitton qui présente des fonds inédits de la collection aux Espaces Louis Vuitton de Tokyo, München, Venezia, Beijing, Séoul et maintenant Osaka, cette exposition respecte la volonté de la Fondation de monter des projets internationaux et de les rendre accessibles à un plus large public.
Joan Mitchell. Cypress, 1980
Joan Mitchell (1925-1992) a étudié à l’Art Institute de Chicago. En 1948, elle décide de partir passer une année à Paris. De retour à New York en 1949, elle intègre l’Artists' Club (également connu sous le nom de « Eighth Street Club »), fondé par Conrad Marca-Relli, Willem de Kooning et Franz Kline. Deux ans après une exposition individuelle acclamée à la Stable Gallery en 1953, elle passe son temps entre New York et Paris, fréquentant les artistes expatriés Shirley Jaffe, Sam Francis, Norman Bluhm, Saul Steinberg et Jean-Paul Riopelle. À Vétheuil, ancienne demeure de Claude Monet, où elle vit à partir de 1969, sa palette exubérante exprime des sentiments dédiés à la lumière et sa technique présente une segmentation caractéristique de la surface colorée, la conduisant à être considérée comme une « impressionniste abstraite ». Cette terminologie a effacé les oppositions dynamiques qui structurent son travail : son désir de traduire fidèlement la nature contrebalancée par une force expressive subjective et violente qu’elle devait à son admiration pour Van Gogh. À partir de 1972, elle commence à produire des œuvres à grande échelle : la structure apparente de ses tableaux lui permet de laisser libre cours à sa sensualité chromatique. Au début des années 1980, au sommet de son talent, Mitchell réintroduit explicitement le paysage, comme en témoignent les quatre œuvres présentées ici : Untitled (1979), Cypress (1980), Minnesota (1980) et South (1989). Vers la fin de sa vie, les motifs abstraits alternant lumière et couleur dévoilent une touche de plus en plus libre.
Carl Andre. Draco, 1979
Carl Andre (1935) est né dans un milieu de bâtisseurs et en garde une prédisposition et un goût pour l’élémentaire, le matériau, en réaction à la génération précédente de l’expressionnisme abstrait. Le peintre américain Frank Stella l’encourage à forger son vocabulaire artistique : intimité avec le matériau, rigueur de l’élaboration, refus de tout symbolisme. Rapidement, Andre aborde les problèmes fondamentaux de la sculpture : rapport au sol, taille directe. Considérant que le bois est finalement bien plus intéressant avant d’être découpé, il opte définitivement pour la non-intervention sur le matériau, préférant travailler avec des briques, des billots de bois, des blocs de béton synthétiques standard, des plaques de métal, etc. Un axiome essentiel est au fondement de toute l’œuvre de Carl Andre : forme = structure = lieu. Ses œuvres sont en relation avec leur environnement et, affirme-t-il, n’ont pas de signification propre et ne portent aucune trace de son intervention. Parmi ses pièces les plus célèbres, les minces plaques posées au sol et sur lesquelles on est obligés de marcher facilitent la désacralisation de l’œuvre d’art : comme tout objet, elle peut et doit s’user. Présenté ici, Draco (1979-2008) se caractérise par un assemblage de morceaux de cèdre rouge qui, installé au milieu de la salle, freine la circulation des visiteurs, en mettant l’accent sur la structure de l’espace.
La juxtaposition de ces artistes révèle la richesse de courants artistiques apparemment contradictoires, entre liberté expressive violemment colorée et rigueur géométrique sans fard. La nature radicale commune de leurs approches crée des tensions autour et entre leurs œuvres et l’espace qu’elles occupent.
Les artistes
Joan Mitchell
Formée et reconnue dans le contexte de la scène new-yorkaise des années 1950, Joan Mitchell s’installe progressivement à Paris à la fin de la décennie, avant de fixer, en 1968, son atelier à Vétheuil – qui fut aussi la ville de Claude Monet.
L’importance accordée au geste, le choix de formats imposants, l’utilisation de couleurs pures sont autant de caractéristiques qui situent son oeuvre dans le cadre de l’expressionnisme abstrait américain. Mais cette grammaire lyrique rencontre une version intériorisée liée au paysage et à la nature dont elle transcrit la vitalité. Mitchell travaille de mémoire, elle ne peint ni la réalité, ni ses souvenirs, mais sa perception des choses et de l’espace. Son usage de polyptyques est récurrent et lui permet d’orienter la composition de ses peintures où la stridence des couleurs superposées crée des tensions tout en participant de l’harmonie générale.
Carl Andre
Après de courtes études d’art dans le Massachusetts, Carl Andre s’installe à New York en 1957. Il écrit de la poésie tout en réalisant, dans un premier temps, de petites sculptures. Très vite, il s’intéresse aux propriétés de la matière : forme, densité, surface.
Dès 1958, il emploie des éléments industriels – bois, plaques de métal, briques – qu’il assemble lui-même en fonction des lieux d’exposition. Il ne cessera dès lors de réagir, en utilisant des éléments trouvés sur place, aux espaces proposés par les galeries, musées, villes. Sa conception de la sculpture évolue au cours des années 60. D’abord pensée comme forme, il s’intéresse à la structure et finit par la concevoir comme lieu. Ses pièces, réalisées selon des intentions précises pour des sites définis, connaissent ensuite des modes de présentation variables en fonction des espaces d’exposition.