Résidence de Pascal Dusapin – Jack Quartet

Musique 17 janvier 2026 – 20h30

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Complet

Tarifs
25€ à 40€
Horaires
20h30

Reconnu depuis sa création en 2005 pour son rôle stimulant dans la création contemporaine, le Jack Quartet explore tout ce que le quatuor peut offrir de nouveau, d'expérimental, d'audacieux.

Et de l'audace, les quatre musiciens originaires de New-York n'en manquent pas en concoctant un programme centré autour des réécritures contemporaines de la Renaissance française et italienne, où de jeunes et talentueux compositeurs entreprennent un dialogue éclatant entre l'ancien et le moderne, parmi lesquels Christopher Otto, violoniste du Jack Quartet. En parallèle, les quatre musiciens mettent leurs archets au service de la plume féconde du compositeur en résidence Pascal Dusapin, qui propose la première audition de son huitième quatuor à cordes, une commande de la Fondation.

Programme

  • Christopher Otto
    Angelorum Psalat
    , d’après Rodericus (2011 / c. 1390)

  • Nicola Vicentino
    Musica prisca caput
    et Madonna, il poco dolce (c. 1555)

  • Juri Seo
    Trois chansons imaginaires
    (2024)

  • Vicente Atria
    Round-about
    (2024)

  • Christopher Otto
    Miserere
    , d’après Nathaniel Giles (2023 / c. 1594)
  • Austin Wulliman
    Dave’s Hocket
    (2024)

  • Christopher Otto
    Fumeux fume par fumée
    , d’après Solage (2018 / c. 1390)

  • Pascal Dusapin
    Quatuor VIII
    Création mondiale, Commande de la Fondation Louis Vuitton (2025) 

Jack Quartet

Incontestablement « le quatuor phare de la musique nouvelle », « avec sa vaste palette stylistique, sa précision et sa passion, [JACK Quartet est devenu] l’un des ensembles incontournables de la musique contemporaine » (The New York Times). Composé de Christopher Otto et Austin Wulliman au violon, John Pickford Richards à la viole et Jay Campbell au violoncelle, JACK Quartet a célébré son vingtième anniversaire. Pionnier, ce quatuor à cordes se voue à créer une communauté internationale en proposant des expériences qui élargissent les horizons et redéfinissent l’écoute attentive. Fondé en 2005, JACK Quartet est une organisation à but non lucratif qui interprète et commande de la musique de quatuor à cordes des XXe et XXIe siècles, tout en participant à sa reconnaissance, à travers de nouvelles compositions ambitieuses et un large éventail stylistique de pratiques musicales. 

JACK Quartet a reçu l’Avery Fisher Career Grant, le Fromm Music Foundation Prize, le titre d’Ensemble de l’année 2019 décerné par Musical America, le Martin E. Segal Award du Lincoln Center, le Trailblazer Award de la New Music USA, le CMA/ASCAP Award for Adventurous Programming, le Michael Jaffee Visionary Award 2024 décerné par Chamber Music America ainsi que le prix du Meilleur ensemble 2024 décerné par l’Italian Music Critic.

Parmi les temps forts de sa saison 2025-2026 aux États-Unis, JACK Quartet fait son retour au 92NY de New York pour présenter en concert de nouvelles créations signées par Kier GoGwilt, Ailie Ormston et Jules Reidy, artistes en résidence au JACK Studio, ainsi qu’une première mondiale de Tristan Perich pour le quatuor à cordes et l’électronique ; une performance au Miller Theatre de la Columbia University pour les 90e ans de Helmut Lachenmann, son mentor musical ; ses débuts à Cal Performances avec une première mondiale de Gabriella Smith ; une résidence multiconcert au Metropolitan Museum of Art ; une œuvre collaborative avec Ellen Fullman et son instrument à longues cordes commandé par le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond ; ainsi qu’une apparition au Big Ears Festival avec la soprano Barbara Hannigan.

JACK Quartet se produit également à l’international avec trois concerts au Festival d’Automne (Paris), imaginant les portraits du programme, et notamment les premières européennes de Natacha Diels et Ellen Fullman ainsi que In iij Noct de Georg Friedrich Haas, joué dans le noir absolu ; sa journée marathon annuelle de trois concerts au Wigmore Hall (Royaume-Uni) ; ainsi que des apparitions à la Pierre Boulez Saal (Allemagne), à l’Istituzione Universitaria dei Concerti (Italie), au Musica Festival Strasbourg (France), à l’Open Music Graz (Autriche), à l’Only Connect Oslo (Norvège) et à l’Hochschule der Künste Bern (Suisse), pour ne citer qu’eux.

JACK Quartet collabore étroitement avec les compositrices et les compositeurs dont il interprète les œuvres, transmettant au mieux leurs techniques, leur musique et les émotions qu’elles éveillent. Le quatuor réalise à la fois des commandes et des auto-commandes, signant de nouvelles œuvres avec des artistes comme Philip Glass, Georg Friedrich Haas, Liza Lim, Caroline Shaw, et John Zorn, avec des premières récentes ou prévues de John Luther Adams, Ellen Fullman, Catherine Lamb, George Lewis, Andrew Norman, Terry Riley, Gabriella Smith et Tyshawn Sorey.

En nouant des liens intimes et de longue date avec de nombreuses voix, parmi les plus créatives de l’époque actuelle, JACK Quartet se distingue par ses enregistrements prolifiques, qui lui ont valu deux nominations aux GRAMMY® Awards, sa plus récente récompense étant celle de la Meilleure performance de petit ensemble/musique de chambre pour Waves and Particles de John Luther Adams. Selon Musical America, « nombre de leurs enregistrements sont incontournables pour quiconque s’intéresse à la musique nouvelle. » Parmi leurs autres albums figurent la musique de Zosha di Castri, Nick Dunston, Jason Eckardt, Helmut Lachenmann, Liza Lim, Christopher Otto, Austin Wulliman, Du Yun, Iannis Xenakis, l’intégrale des quatuors à cordes de John Zorn et la sortie prochaine de l’intégrale des quatuors d’Elliott Carter. 

JACK Studio a été créé par JACK Quartet en 2019 pour soutenir les commandes, les enregistrements et les ateliers d’artistes émergents qui souhaitent explorer et étoffer le répertoire du quatuor à cordes. Depuis 2024, il soutient également les commandes de quatuors à cordes d’éminents compositeurs et organise des résidences rémunérées de deux ans pour les jeunes compositeurs ainsi que des séances annuelles de lecture de quatuors à cordes existants par les jeunes compositeurs. En rassemblant des groupes hétérogènes de personnes talentueuses et audacieuses pour créer de nouveaux projets, mais aussi pour contribuer à l’évolution de JACK Studio, JACK Quartet a formé tout un écosystème artistique qui unit le quatuor à des artistes du monde entier. 

Jusqu’à présent, plus de 40 compositeurs ont collaboré avec JACK Quartet par l’intermédiaire de JACK Studio, venant d’Argentine, de Biélorussie, du Canada, d’Allemagne, de Malaisie, du Mexique, du Myanmar, d’Afrique du Sud, de Syrie et des États-Unis. Leurs projets ont été joués par JACK Quartet dans des lieux comme 92NY, TIME:SPANS, MoMA PS1, l’Ojai Music Festival, le Santa Fe Chamber Music Festival, le Lucerne Festival ou encore le Wigmore Hall, en plus d’être enregistrés à des fins professionnelles.

Encensé par la critique, JACK Quartet s’est produit dans de nombreux lieux : Carnegie Hall (États-Unis), Lincoln Center (États-Unis), UChicago Presents (États-Unis), Library of Congress (États-Unis), Philharmonie de Berlin (Allemagne), BBC Proms (Royaume-Uni), Royal Library (Danemark), Philharmonie de Paris (France), Kölner Philharmonie (Allemagne), Sydney Opera House (Australie), Festival de Salzbourg (Suisse), La Biennale di Venezia (Italie), Suntory Hall (Japon), Bali Arts Festival (Indonésie), Festival Internacional Cervantino (Mexique), Teatro Colón (Argentine).

Basé à New York et en résidence à la Mannes School of Music de l’université The New School, JACK Quartet accompagne le Cuker and Stern Graduate String Quartet en tant que mentor. Le quatuor enseigne dans des festivals d’été, comme la Lucerne Festival Academy, le Banff Centre for the Arts and Creativity, le Santa Fe Chamber Music Festival ainsi que New Music On The Point. JACK Quartet s’est depuis longtemps rapproché de l’University of Iowa String Quartet Residency Program, pour enseigner et travailler avec des élèves chaque automne et chaque printemps.

Pascal Dusapin

Il y a beaucoup de questions dans la musique de Pascal Dusapin, à chacun d’y retrouver les échos de ses propres interrogations, les réponses masquées par l’écriture, ses émotions à l’écoute de cette musique singulière, organique, tour à tour éruptive, suspendue dans l’indicible, rugueuse, pensive, pleine de vitalité, butée, passant en un instant d’une tristesse noire à une cascade de rires triomphants, d’un grincement d’effroi à une avalanche fantastique qui devient fanfare débonnaire, embrassant tous les affects, sans peur.

C’est à l’âge de dix huit ans que Pascal Dusapin, né le 29 mai 1955 à Nancy, écoute Arcana d’Edgar Varèse, à l’Université de Vincennes. Sa vie bascule, il sait désormais que sa vie se confondra avec la composition musicale. Auparavant, il y eut l’éveil musical, au détour de vacances familiales un trio de jazz joue dans l’hôtel, il en revient avec l’envie de jouer de la clarinette, son père le mettra au piano. Puis à dix ans il découvre l’orgue, une déflagration émotionnelle qui perdurera au travers d’une adolescence chaotique et peu conforme. A grandir entre un petit village lorrain entouré de forêts et la banlieue parisienne, il ne choisit aucune obédience et se passionne autant pour Bach que pour les Doors, le free jazz et Beethoven, s’abreuvant des découvertes musicales propres aux années 70. Avec passion, il suivra les cours de Iannis Xenakis de 1974 à 1978, qu’il perçoit comme le dépositaire contemporain de Varèse. Xenakis est pour lui un maître à penser autrement qui élargit son horizon aux mathématiques et à l’architecture. C’est le seul enseignement qu’il suivra vraiment, sans doute parce que Xenakis ne lui demande rien mais lui donne toujours. Ses premières pièces, Souvenir du silence (1975), Timée (1978) trouvent l’écoute et le soutien des compositeurs Franco Donatoni et Hughes Dufourt. André Boucourechliev lui lègue de précieux conseils et des maximes qui resteront pour toujours des compagnes de route : « N’oublie jamais un instrument au fond de l’orchestre », « La sincérité n’est pas une valeur en art »…

En 1977 il remporte le prix de la Fondation de la Vocation et en 1981 celui de la Villa Médicis où il séjournera deux ans et écrira Tre Scalini, Fist, son premier Quatuor, Niobé. Il reviendra de Rome plus déterminé que jamais à vivre en composant, à composer en vivant. A l’été 1986 il écrit Assaï pour le ballet de Dominique Bagouet, grande rencontre humaine et artistique, dont la tournée le mènera de par le monde pendant des années.

En 1986, appuyé par Rolf Lieberman, il s’engage dans l’aventure de son premier opéra, écrit en étroite collaboration avec l’écrivain Olivier Cadiot, Roméo & Juliette : un détournement d’intrigue, de genre, une révolution musico-littéraire où le mot est choisi pour son chant et son rythme tissé au plus près d’une musique totalement débridée. La création aura lieu simultanément à l’Opéra de Montpellier, en juillet 1989, et au Festival d’Avignon, suivi d’une tournée à l’étranger. Pascal Dusapin relie dès lors sa passion littéraire à ses travaux opératiques. Ainsi naîtront Medeamaterial d’après Heiner Müller, créé à La Monnaie de Bruxelles en 1991, To be sung d’après Gertrude Stein, fantastique aventure à laquelle il associe le grand plasticien maître de la lumière James Turrell, créé en 1994 au Théâtre des Amandiers à Nanterre et en 2003 Perelà, Uomo di fumo, d’après Aldo Palazzeschi à l’Opéra Bastille. Il écrit ensuite le livret de ses deux opéras suivants, Faustus, The Last Night créé au Staatsoper Unter der Linden de Berlin en 2006 et Passion au Festival d’Aix-en-Provence en 2008, inspiré par le mythe d’Orphée. Poursuivant sa mise en abyme des héros antiques, il s’attaque au livre référence de Heinrich von Kleist pour son dernier opéra, Penthesilea, création en mars 2015 au Théâtre de La Monnaie à Bruxelles suivie de la création française à l’Opéra du Rhin en septembre 2015, dont il tire également une suite pour soprano et orchestre, Wenn du dem Wind…, créée au Suntory Hall de Tokyo en août 2014 et reprise à la Philharmonie de Paris en mars 2015.

Entrelacés dans l’écriture de ses opéras ont éclos de nombreuses pièces dont sept quatuors à cordes (le sixième avec orchestre), d’autres partitions vocales telles La Melancholia, Granum Sinapis, Dona Eis, Disputatio, ainsi que Sept études pour piano, A Quia concerto pour piano, sept solos pour orchestre, Go, Extenso, Apex, Clam, Exeo, Reverso (créé par les Berliner et Simon Rattle) et Uncut. Ce cycle de sept formes orchestrales composé de 1991 à 2009 raconte une très longue symphonie de vie, d’émotions humaines et artistiques. Un nouveau cycle pour orchestre est en cours, inspiré par la nature, Morning in Long Island en sera le premier élément, suggéré par les formes du vent. Il fut créé en 2010 par l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Wun Chung. Parmi ses dernières créations, on peut aussi citer un concerto pour violon, Aufgang, commandé par le violoniste Renaud Capuçon, une pièce pour piano et six instruments, Jetzt genau! ainsi qu’un concerto pour violoncelle, Outscape, écrit pour Alisa Weilerstein qui a été créé en mai 2015 par le Chicago Symphony Orchestra. Son double concerto At Swim-two-birds, écrit pour la violoniste Viktoria Mullova et le violoncelliste Matthew Barley qui a été créé le 30 septembre 2017 par le Netherlands Radio Philharmonic Orchestra, suivi du Gewandhaus Leipzig, de l’Orchestre national de France, du London Philharmonic Orchestra et du Seattle Symphony Orchestra.

Pascal Dusapin est distingué par de nombreux prix, honneurs, récompenses dont le titre de Commandeur des Arts et Lettres en 2003, le prix Cino del Duca en 2005, le Dan David Price en 2007 et le titre d’Académicien à la Bayerische Académie de Munich la même année, qui le voit aussi occuper le fauteuil de la Chaire Artistique au Collège de France, second compositeur après Pierre Boulez à accéder à cette institution. Il tirera de cette expérience et de ses conférences un livre, « Une musique en train de se faire » (édité au Seuil). En 2010 et 2011 il est « Guest Professor » à la Musikhochschule de Munich.

Son engouement pour les formes de la morphogénèse, la philosophie, avec une admiration particulière pour Deleuze, la photographie, l’architecture, le théâtre de Beckett, l’œuvre de Flaubert et beaucoup d’autres, enrichit sa liberté d’invention et permet une myriade de niveaux d’écoute, de compréhension et d’émotions de ses œuvres. Il rencontre et collabore avec de nombreux artistes, conjugue leurs différences avec sa pluralité, Sasha Waltz, James Turell, Peter Mussbach, Laurence Equilbey, l’ensemble Accroche Note, Le Philharmonique de Berlin, Simon Rattle, le Quatuor Arditti. De nouveaux projets lui font aussi intégrer l’électronique à grande échelle dans des lieux exceptionnels comme le Grand Palais lors du Monumenta de Richard Serra ou la plage de Deauville pour le 150ème anniversaire de la ville. En novembre 2011, il met lui-même en scène son cycle pour piano et baryton sur des poèmes de Nietzsche, O Mensch!, aux Bouffes du Nord à Paris. En octobre 2014, il imagine également pour le Festival de Donaueschingen une installation visuelle et sonore, « Mille Plateaux », qui voyagera entre autres au Lieu Unique à Nantes en 2015.

Artiste singulier, Pascal Dusapin continue son voyage sonore et formel sans dogme, offrant à travers des formes toujours diverses une musique furieusement émotive.

En 2019, Pascal Dusapin présente Lullaby Experience, son premier travail en collaboration avec l'Ircam, au festival ManiFeste. Puis pendant l'été il est l'invité du Festival de Salzbourg qui lui dédie un "Time with Dusapin", hommage incomparable à l'artiste synonyme à travers le monde de la vitalité de la musique française. En septembre, a lieu la création de Macbeth Underworld, son nouvel opéra mis en scène par Thomas Jolly au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles.

Le 11 novembre 2020, le Président de la République Emmanuel Macron lui commande la partie musicale de l’œuvre créée lors de la panthéonisation de Maurice Genevoix. En février 2021, il est à l’honneur du festival Présences de Radio France.

Sa musique est publiée aux Éditions Salabert / Universal Classical Music .