Sarah Morris - As Slow as Possibles

Sarah Morris, Strange Magic, 2014. © Courtesy of the artist and Fondation Louis Vuitton
- Date
- Du 08.09.2023 au 07.01.2024
- Lieu
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Espace Louis Vuitton München
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Maximilianstrasse 2a
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80539 München
- Tél.
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+49 89 55 89 38 100,
- Horaires
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Lundi au vendredi : 12h - 19h ; Samedi : 10h - 19h
L’Espace Louis Vuitton München a le plaisir d’accueillir l’exposition "As Slow as Possibles", consacrée à l’artiste américaine Sarah Morris et organisée dans le cadre du programme « Hors-les-murs » de la Fondation.
Sarah Morris a étudié à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, avant de suivre le programme d’études indépendantes du Whitney Museum de New York, aux États-Unis, en 1989. Ses premiers tableaux, dans les années 1990, sont des reproductions en grand format de mots isolés, extraits de titres de journaux ou de couvertures de magazines. Ses compositions à l’acrylique, aux saisissants aplats de couleurs, évoquent aussi bien les slogans de Barbara Kruger que les mots d’ordre d’Ed Ruscha. Elles témoignent d’une sensibilité « pop » qui trahit ses années passées dans l’atelier de Jeff Koons. Morris recourt à cette même technique pour créer des compositions géométriques aux teintes vives, d’apparence abstraites, mais dont les titres évoquent des villes, architectures, monuments ou sites. Héritée des mouvements Op Art et Neo-Geo (Neo-Geometric), la grille moderniste est un élément essentiel de son langage visuel, tant pour ses qualités formelles que pour ses connotations historiques, sociologiques et politiques. Mais au-delà de l’abstraction, elle est l’interprétation d’un paysage global : une grille dont il est impossible de s’échapper, expression de notre environnement « psycho-géographique » contemporain.

Capital, 2000, © Sarah Morris Courtesy of the artist and Capitain Petzel, Berlin

Points on a Line, 2010, © Parallax Courtesy of the artist and Fondation Louis Vuitton, Paris
En parallèle de la peinture, Sarah Morris réalise des films déterminants dans son approche visuelle du monde. Ils constituent une toile de fond intellectuelle et visuelle, qu’elle définit comme un « point de référence ». Pour elle, ses créations vidéo sont des « manifestes visuels » qui racontent des villes, à l’instar des témoignages historiques de Paul Strand ou des films de Walter Ruttmann. Capital (2000) est consacré à Washington D.C. D’autres moyens-métrages montrent New York, Las Vegas, Miami, Los Angeles ou Pékin. Le principal sujet de recherche est le capitalisme, en tant que système économique et politique qui produit des formes. Chaque film donne lieu à une série de tableaux qui, d’après les principes subjectifs des équivalences, semblent non figuratifs. Elle s’autorise quelques exceptions dans sa dynamique ; en témoignent Points on a Line (2010) ou Strange Magic (2014), présents dans cette exposition.

Capital, 2000, © Sarah Morris Courtesy of the artist and Capitain Petzel, Berlin

Points on a Line, 2010, © Parallax Courtesy of the artist and Fondation Louis Vuitton, Paris
La bande-son de l’artiste Liam Gillick souligne la rigueur formelle, le cadrage et les couleurs de la composition, ainsi que la dynamique visuelle des vidéos.
« L’image de mes films joue toujours sur les notions de spectacle, de marchandise, de pouvoir politique, voire de pouvoir tout court. Elle s’appuie sur un vocabulaire de propagande. D’une certaine manière, la musique est cousue à l’image », précise Sarah Morris. « Liam Gillick signe la musique de tous mes films, sans la composer expressément pour mes images. Il crée des unités musicales, une série de modalités autonomes par rapport aux images dans leur production. L’improvisation intervient à de nombreux niveaux. Parfois, la musique va à l’encontre de l’image, et parfois, elle va dans son sens, cela dépend de moi. J’utilise le même ressort que pour les modalités en psychologie. C’est une sorte d’alchimie. Il y a un aspect « citationnel » dans mes films, comme s’il s’agissait de reprises d’un inconscient politique des formes. Quelque part, les images vous sont déjà familières, même si vous ne les aviez encore jamais vues ainsi. »
Sarah Morris
Depuis la fin des années 1990, Sarah Morris développe à travers ses peintures et ses films une double vision, celle de l’espace urbain et de l’architecture. Peinture et cinéma sont les deux facettes d’une œuvre qui s’est faite miroir d’une hyper-modernité. Ses films s’inscrivent dans un contexte social et urbain précis, mettant en lumière des lieux emblématiques.
La rigueur formelle de la composition, des cadrages, des couleurs ainsi que la dynamique visuelle sont soulignées par la musique de l’artiste Liam Gillick. « Les images de mes films jouent toujours avec les concepts de spectacle, de marchandise, de pouvoir politique ou de pouvoir en général. Les images utilisent (et s’amusent d’) un vocabulaire de propagande de telle sorte que la musique se lie intimement à l’image. Comme pour tous mes films, la musique est écrite par Liam Gillick et n’est pas composée pour les images. Ce que Liam crée, ce sont des unités musicales, une série de modalités autonomes par rapport à la production des images. L’improvisation intervient ainsi à de nombreux niveaux. Tantôt, la musique va contre l’image, tantôt elle accompagne l’image. Cela dépend de moi. Elle fonctionne comme les modalités en psychologie. C’est une sorte d’alchimie. Il y a dans mes films un aspect de « citation », tels des extraits d’un inconscient politique des formes. En un sens, les images vous sont déjà familières, même si vous ne les avez jamais vues. » déclare Morris.
