Simon Hantaï - Folding

Hors Les Murs

TABULA, MEUN 1975, © Archives Simon Hantaï © Primae / Louis Bourjac

Date
Du 28.09.2023 au 04.02.2024
Lieu
Espace Louis Vuitton Osaka
Louis Vuitton Maison Osaka Midosuji 5F
2-8-16, Shinsaibashi-suji
Tél.
+81 3 3515 0855
Horaires
12:00 - 20:00

Pour sa quatrième exposition, l’Espace Louis Vuitton Osaka a l’honneur de présenter "Folding", rétrospective consacrée à l’artiste français Simon Hantaï.

Dans la lignée de la mission de la Fondation, monter des projets internationaux et les rendre accessibles au plus grand nombre, cet événement s’inscrit dans le programme « Hors-les-murs », qui présente des œuvres de la Collection dans les Espaces Louis Vuitton de Tokyo, Munich, Venise, Pékin, Séoul et Osaka.

D’origine hongroise, Simon Hantaï étudie aux Beaux-Arts de Budapest jusqu’en 1948, date à laquelle il reçoit une bourse du gouvernement pour étudier à Paris. Après un séjour en Italie, il arrive en France l’année suivante et se lance dans une période d’expérimentation qui le mène à une certaine compréhension de la peinture siennoise et florentine, ainsi qu’à des enseignements de nature plus abstraite. L’influence du surréalisme arrive à point nommé dans son parcours. Ce mouvement nourrit son imagination artistique féconde et l’amène à livrer sa propre interprétation, élargie, du collage. Hantaï associe la peinture à des os d’animaux, des arêtes de poissons et d’autres matières, pour mieux exprimer son iconographie sombre et tourmentée. Cette période surréaliste donne lieu à une exposition en 1953, dont le catalogue est préfacé par André Breton. Elle s’achève toutefois en 1955.

Hantaï découvre l’œuvre de Jackson Pollock, qui incarne la puissante vitalité de l’abstraction. Il comprend alors que l’expression picturale peut s’affranchir de tout diktat iconographique. Le grattage, exercice de soustraction, est symptomatique de cette reconquête d’un espace inédit. Il s’inspire d’abord des délires sexuels et langagiers du pataphysicien français Jean-Pierre Brisset, puis des écrits mystiques et liturgiques. Ses Ecritures sont le fruit d’une contemplation cruciale des signes, qu’il voit comme une trace survivante sur le palimpseste de la mémoire. Son pliage comme méthode est directement issu de l’enfouissement et l’émergence de signes et de formes, sur la surface de la toile. Suivant différents protocoles de pliage et de froissement, Hantaï imprègne de couleur les parties visibles, puis déplie la toile, laissant ainsi apparaître des zones peintes et des blancs en réserve. Le tableau ainsi « auto-engendré » devient le mime de l’incarnation du Fils de Dieu : les premiers plis, regroupés sous le titre « Le Mur », connus sous le nom de Manteaux de la Vierge, soulignent cette dimension théologique. En 1967, il donne le titre générique de Peintures mariales aux quatre séries de la décennie : au « Le Mur » déjà cité viennent s’ajouter « La Porte », dite des Catamurons (1963-1964), Maman ! Maman ! dits La Saucisse (1964-1965), et les Meuns (1967-1968), du nom d’un petit village de la forêt de Fontainebleau.

MARIALE m.a.4, PARIS 1960 © Primae / David Bordes

De 1968 à 1976, Hantaï multiplie les méthodes de pliage dans les Études, les Blancs et les Tabulas. À sa deuxième série de Tabulas (1980-1982) succède sa « retraite » (qui ne signifie pas qu’il cesse de peindre, comme en témoigne son œuvre Sans titre en 1984), ponctuellement interrompue par l’exposition Laissées en 1998, ou encore par la réalisation des estampes numériques Suaires en 2001.

Cette exposition exclusive, spécialement conçue pour l’Espace Louis Vuitton Osaka, fait suite à Simon Hantaï. L’Exposition du Centenaire (2022), ainsi qu’à l’accrochage d’une grande Tabula dans l’exposition Le Monde nouveau de Charlotte Perriand (2019), toutes deux présentées à la Fondation à Paris. Elle retrace un grand nombre d’œuvres, toutes appartenant à la Collection, réalisées entre le début des années 1960 et les années 1980.

Simon Hantaï

Simon Hantaï est né en 1922 à Bia, en Hongrie, et mort à Paris en 2008. Après avoir étudié aux Beaux-arts de Budapest, il s’installe à Paris en 1948 où il se plonge à bras-le-corps dans le mouvement surréaliste. Son œuvre emprunte de nombreuses voies artistiques : surréalisme, action painting, expressionnisme abstrait. En 1960, Hantaï peint « à l’aveugle » une surface préalablement pliée, en la recouvrant de couleurs. Dès lors, il appliquera cette méthode à chaque série de tableaux, mais sur des modes très différents, ce qui lui permet de développer et de raviver des compositions formelles et originales, souvent monumentales. Il s’impose ainsi comme l’un des plus grands coloristes de son temps. À cette époque, son œuvre est largement connue sur la scène artistique française. Il influence toute une génération de jeunes peintres en devenir. Par la suite, il s’absente pour une longue période, uniquement ponctuée par certains événements, tels qu’une nouvelle série, les Laissées, dans les années 1990. Hantaï y découpe de grandes Tabulas des années 1980. Les fragments qu’il en extrait deviennent des œuvres à part entière.

Hantaï expose régulièrement jusqu’en 1982, date à laquelle il représente la France à la Biennale de Venise. Il décide ensuite de retirer de la sphère publique. Il poursuit son travail, mais n’expose qu’en de rares occasions, comme en 1997 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, dans le cadre d’une importante donation. En 2013, cinq ans après la mort de l’artiste, le Centre Pompidou lui consacre une grande exposition, la première depuis plus de trente-cinq ans. En 2014, le musée Ludwig de Budapest accueille à son tour une exposition consacrée à Hantaï. Plus récemment, en 2021, son œuvre a été présentée au MoMA, à New York, dans le cadre de l’exposition collective Touching the Void.

Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections d’institutions publiques : Albright-Knox Art Gallery à Buffalo, dans l’état de New York ; Solomon R. Guggenheim Museum et MoMa à New York, ou encore National Gallery of Art à Washington. Elles figurent également dans celles du Musée d’Art Contemporain (MACM) de Montréal ; du Musée des Beaux-arts de Budapest en Hongrie ; et enfin, du Centre Pompidou et du Musée d’Art moderne de Paris.