Théâtre Nô - Minoru Umewaka et Genjiro Okura

- Date
- 9 octobre 2019 – 20h30
- Lieu
- Auditorium
En 1940, Charlotte Perriand découvre le Japon. Sa carrière restera marquée par la découverte de ce pays. Dans le cadre de l'exposition Le monde nouveau de Charlotte Perriand, la Fondation vous invite à plonger dans cette civilisation qui l'a tant inspiré à travers un emblème culturel : le théâtre Nô.
Le mercredi 9 octobre 2019, Minoru Umewaka et Genjirô Okura, figures majeures et ambassadeurs du Nô, et leurs invités investissent l'Auditorium de la Fondation pour une masterclasse publique en matinée et un concert de Nô rassemblant percussion, choeur, tambour et flûte pour clôturer la soirée.
Le théâtre Nô est un art traditionnel du Japon. Créé par Kanami et Zeami à l'époque de Muromachi (1336-1573), l'art du Nô est transmis de génération en génération depuis plus de 650 ans. En 2008, le Nô a été reconnu comme Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité par l'UNESCO. Composé de l'Utai (chant), de l'Hayashi (instruments de musique) et du Mai (la danse du Nô), c'est à la fois une performance théâtrale et un jeu de masques. Art de scène d'une grande simplicité, il n'utilise aucun accessoire scénique, seulement un paysage de pins lors du dernier tableau. Utilisez votre imagination en profitant du monde mystérieux et extraordinaire du Nô, joué comme il y a 650 ans.
Parmi les classiques du théâtre Nô qui seront présentés à la Fondation, se trouve la légende de Hagoromo, qui résume à elle seule toute la poésie du Nô :
Un matin de printemps, un pêcheur trouve sur le rivage une robe de plumes accrochée à une branche de pin. Alors qu’il s’apprête à la rapporter chez lui, une créature céleste lui apparaît et lui demande de lui rendre sa parure sans laquelle elle ne peut s’en retourner dans le ciel. Le pêcheur accepte à condition qu’elle exécute pour lui une danse céleste. Tandis que le chœur célèbre la beauté de la pinède au printemps, la nymphe se met alors à danser puis sa silhouette disparaît dans la brume par-delà le mont Fuji.
Les artistes
Minoru Umewaka
Minoru IV Gensho Umewaka est l’un des plus illustres et des plus audacieux représentants du théâtre nô actuel. Par sa vision novatrice, il a su revivifier cet art classique. Né en 1948, Rokuro Gensho a fait sa première apparition sur scène alors qu’il n’avait que trois ans. Pendant toute sa carrière, Minoru IV Gensho a non seulement maîtrisé le répertoire traditionnel et redonné vie à d’anciennes pièces du répertoire nô, mais il a aussi mis en scène de nouvelles œuvres et fait découvrir cet art vieux de plus de six siècles à des publics plus larges, non seulement au Japon mais aussi à l’étranger.
Minoru IV Gensho est le 56e chef de la famille Umewaka depuis 1988, clan dont l’engagement pour les arts de la scène se poursuit sans discontinuité depuis plus de 1000 ans.
C’est Minoru I, l’arrière-grand-père de Minoru IV Gensho qui a joué un rôle déterminant pour sauver le théâtre nô de l’oubli au tout début de la modernisation du Japon et qui le fit connaître aux Occidentaux au milieu du 19e siècle. Depuis, de Minoru I à Minoru IV, chaque génération de la famille Umewaka a produit des acteurs de premier plan.
Gensho s’est forgé un sens dramatique et rythmique et une précision temporelle qui captivent les spectateurs au moment même où il entre en scène. Tout aussi important à noter, c’est son grand-père Minoru II qui lui a transmis cette fluidité élégante qui pare la gestuelle de Minoru IV Gensho d’une légèreté où se mêlent puissance et grâce. À toutes ses qualités, s’ajoutent une voix ample et un sublime talent de danseur. Peu étonnant dès lors que Minoru IV Gensho ait atteint le sommet de la célébrité.
Dès sa jeunesse, Minoru IV Gensho a démontré sa volonté de rénover et de repenser les fondements mêmes du théâtre nô. Les nombreux prix qui lui ont été décernés attestent non seulement de ses talents d’acteur et de danseur, mais aussi de ses recherches et de ses mises en scène d’œuvres nouvelles et de reprises tout au long de ces 25 dernières années.
Récemment, Minoru IV Gensho s’est imposé dans la représentation de toute une série d’œuvres novatrices où se côtoient décors et instruments non traditionnels avec l’amour et la religion comme thèmes centraux. Ces pièces dites modernes ont été présentées avec succès dans des théâtres nô de taille modeste mais aussi dans des grandes salles pouvant accueillir plus de 2500 spectateurs.
Son premier déplacement à l’étranger l’a conduit à Bruxelles où il a dirigé le Festival Europalia en 1989. Puis ce fut Dojyoji, chef d’œuvre classique qu’il a présenté pour la première fois au public européen. Le succès retentissant de ces représentations fut suivi par l’exposition « Noh no Hana » à Europalia, l’une des plus grandes présentations de masques et de costumes nô jamais organisée hors du Japon. Il a depuis entrepris une longue série de tournées internationales qui l’ont mené aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Russie, à Taïwan, en Grèce et aux États-Unis avec notamment quatre passages à New York.
Minoru IV Gensho est convaincu que la période de gloire du théâtre nô reste à écrire.
Sa grande ambition est de présenter le théâtre nô de façon accessible au monde moderne tout en maintenant la plénitude spirituelle de cette forme d’art qui, il faut bien le reconnaître, est le Saint des saints de la culture nippone.
L’apport de Minoru Gensho à l’instruction publique et à la culture lui a valu de recevoir une médaille d’honneur, la médaille à ruban pourpre en 2006. En 2007, il est entré à l’Académie des arts du Japon, le plus prestigieux lieu de la culture du pays. En décembre 2008, il a ajouté Gensho II à son précédent nom de scène succédant ainsi à Gensho I qui restera dans l’histoire le grand refondateur de la famille Umewaka, après 345 ans d’interruption. En 2014, Minoru Gensho a reçu le titre de « détenteur d’un bien culturel immatériel important » (Trésor national vivant). En 2018 il est devenu Minoru IV.

Genjirô Okura
Héritier d’une lignée de musiciens du théâtre Nô, Genjirô Okura est le 16e grand maître de l’école Okura de tambour kotsuzumi. Élevé au rang de « Trésor national vivant » en 2007, il s’attache avec ferveur à transmettre à notre époque la beauté de cette forme ancestrale de théâtre japonais. Il interprète dans ce programme des extraits de grands classiques du répertoire et deux créations exaltant l’art de la danse et de la musique propre au théâtre Nô, Zeami Santai et Goyo Fushi, qu’il a conçues en collaboration avec l’acteur Minoru Umewaka, également Trésor National Vivant.

Mercredi 9 octobre de 11h30 à 12h30
Masterclasse publique
Genjirô Okura et invités
Le temps d’une masterclasse, le maestro transmettra l’art et la passion du Nô dont il est ambassadeur. Genjirô Okura a à cœur de faire perdurer le théâtre Nô et de le faire connaitre à travers le monde.
Mercredi 9 octobre à 20h30
Concert
Minoru Umewaka, Kohei Kawaguchi, Madoka Mikata, Masaki Umano, Hiromichi Tamoi Chœurs, Genjirô Okura Petites percussions, Hirotada Kamei Tambour, Yuichiro Hayashi Percussions, Keizo Akai Flûte
Le programme
Zeami Santai Goyo Fuchi Hagoromo