WOLFGANG TILLMANS - PASSAGES SILENCIEUX

Figure centrale de la Collection, les constellations photographiques de Tillmans ont déjà été présentées lors de l'exposition inaugurale de la Fondation en 2014. Ses Passages Silencieux réaffirment l'engagement de la Fondation envers l'œuvre de l'artiste, s'appuyant sur le succès de la grande rétrospective du Centre Pompidou, à Paris, qui s'est achevée le 22 septembre 2025 avant la rénovation du musée. Les œuvres présentées ici ont été personnellement sélectionnées par l'artiste lui-même au sein de la Collection.

Wolfgang Tillmans est né en 1968 à Remscheid et travaille aujourd'hui entre Londres et Berlin. Sa pratique a élargi les possibilités techniques, artistiques et thématiques du travail avec les images photographiques. Témoin de la transition de l'analogique au numérique, il a commencé à travailler avec les images en utilisant un photocopieur. Il n'a pris la caméra pour créer ses propres images qu'après ses premières expositions d'œuvres photocopiées à la fin des années 1980, et initialement dans l'intention de les photocopier. Ses photographies du début des années 1990 de la jeunesse, de la culture des clubs et de la culture populaire ont dépeint la génération de ses contemporains. Depuis lors, son travail n'a cessé d'explorer une grande variété de genres et de pratiques photographiques. Dans ses expositions et portfolios de magazines, il présente ses images en constellations, les positionnant et les disposant soigneusement dans l'espace d'exposition ou sur la page imprimée respectivement, créant ainsi de nouvelles associations.

L'accrochage, que l'artiste a organisé sur les deux étages de l'Espace Louis Vuitton München, évite la chronologie. Les œuvres sélectionnées couvrent près de trente-cinq ans de sa pratique, tissant des liens entre divers moments temporels et géographiques et différentes atmosphères. Les portraits multiformes de Tillmans, avec des œuvres datant de différentes époques, dialoguent avec des photographies de plantes, de natures mortes et d'œuvres abstraites réalisées sans appareil photo au tournant des années 2000. Ces images interagissent sans hiérarchie d'échelle ou de genre ; certaines sont encadrées et d'autres non. En tissant des liens silencieux entre différentes images, Tillmans renouvelle la pertinence de chaque image pour le spectateur contemporain. Celles-ci sont aussi intimes que collectives. Elles témoignent de la transformation d'un monde en mouvement composé d'éléments interconnectés. L'image est « un bon point de départ pour penser le monde », dit Tillmans.

Alors qu'il attire notre attention sur les caractéristiques de son environnement, il révèle également la réalité matérielle de son médium de prédilection. Il a commencé à produire ses propres tirages dans les années 1990. Passages Silencieux met en lumière cette expérimentation. Dans certaines œuvres, comme Berlin (2006), il souligne la matérialité de ses images en re-photocopiant et re-photographiant des tirages ou photocopies existants, les agrandissant parfois pour mettre en évidence la texture du papier et les particularités de son encrage. L'unicité d'un processus de création d'images se déploie dans ses abstractions sans appareil photo, la série Einzelgänger (2003) en étant un exemple frappant. Produites sans négatifs, ces œuvres encapsulent l'essence même de la photographie : elles n'existent que par l'interaction de la chimie sèche, entre le papier photosensible et la lumière. Pour Tillmans, ces créations abstraites – qu'il expose aux côtés de son travail figuratif depuis 1998 – représentent une pause plutôt qu'une rupture.