Alberto Giacometti
L'exposition inaugurale de l’Espace Louis Vuitton Séoul présente huit sculptures emblématiques de Giacometti appartenant à la Collection. Ces sculptures considérées comme des chefs-d’œuvre clés de Giacometti rendent hommage à la virtuosité du célèbre artiste suisse.
Malgré la reconnaissance quasi immédiate de son travail, et bien qu'il soit noué d'amitié avec plusieurs personnalités telles qu'André Breton, Georges Bataille, André Masson et Michel Leiris, Alberto Giacometti s'est rapidement désintéressé des objets surréalistes qui l'on rendu célèbre pour se consacrer au modèle vivant. Cette dissidence solitaire, où il n’avait « rien d’autre à faire que d’essayer de créer une tête d’homme », l’a éloigné de toute obédience envers un mouvement, l’artiste préférant revenir aux sources de la créativité. En s’appuyant sur sa connaissance de l’art préhistorique, de l’art égyptien antique, sumérien et grec archaïque, il a produit une œuvre associant l’expérience quotidienne du modèle avec les formes intemporelles des modèles anciens.
A partir de 1935, il s’est entièrement consacré au modèle vivant, qui est devenu le seul et unique sujet d’obsession de son œuvre. Parallèlement, il a commencé à s’intéresser aux ratios d’échelle ainsi qu’à la façon dont les sculptures occupent et activent l’espace autour d’elles. Dans les années 50, ses corps sont devenus de plus en plus fins et réduits aux lignes essentielles de leur existence précaire : « [...] un homme marchant dans la rue ne pèse rien, en tout cas il est bien plus léger que s’il était mort ou inconscient. Il est en équilibre sur ses jambes. Son poids ne se ressent pas. C’est inconsciemment ce que je cherchais à reproduire... cette légèreté, en affinant mes silhouettes ... » (entretien avec Jean Clay, 1963).
Alberto Giacometti éprouvait un sentiment persistent d’échec devant son incapacité à reproduire ses modèles tels qu’il les percevait. Il a atteint une simplification extrême qui, paradoxalement, orchestre une émergence surprenante de la sculpture. Au-delà d’une expression émotionnelle, l’artiste imposait une approche optique de ses œuvres, par exemple des points ou des lignes dans un espace dense. Comme l’a exprimé Jean Genet, « leur beauté [des sculptures de Giacometti] me paraît tenir dans cet incessant, ininterrompu va-et-vient de la distance la plus extrême à la plus proche familiarité : ce va-et-vient n’en finit pas et c’est de cette façon qu’on peut dire qu’elles sont en mouvement ».