Homme qui chavire

  • 1950
  • Alberto Giacometti
  • Bronze peint par l'artiste
  • 59,1 x 26,5 x 27,5 cm
Tout, dans cette figure en déséquilibre, exprime la violence de la fatalité à laquelle l’homme ne peut se dérober : l’inflexion des jambes, les longs bras étendus en arc de cercle qui trahissent l’impuissance, la tête légèrement jetée en arrière. Le motif, peut-être inspiré – selon Yves Bonnefoy – par l’accident dont il fut victime dans les années quarante, était apparu dans une esquisse de 1947 et, trois ans plus tard, l’artiste lui donnait corps. Cette longue maturation plaide en faveur de la portée universelle que le sculpteur voulait donner à ce vertige. Cet exemplaire est le seul des six à avoir été « rehaussé » à la peinture, allusion à la sculpture polychrome égyptienne qui la fait apparaître hors du temps.

© Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris + Adagp, Paris) 2014. Photo © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage

Accrochages

Alberto Giacometti

Né à Borgonovo (Suisse) le 10 octobre 1901, Alberto Giacometti a découvert le postimpressionnisme et le symbolisme à un âge précoce grâce à son père qui était peintre. En 1919, au terme de sa scolarité, il a suivi des études à l’Ecole des beaux-arts de Genève. Il s’est installé en France en 1922, où il a étudié l’art du nu à l’Académie de la Grande Chaumière, la sculpture avec Antoine Bourdelle, et visitait souvent le musée du Louvre.

Son œuvre l’a rapproché du mouvement post-cubiste (notamment Le Couple en 1926 et Femme Cuillère en 1927), puis s’est développée au sein du groupe surréaliste (un tournant marqué par la sculpture La Boule suspendue de 1930, exposée à la Galerie Pierre aux côtés d’œuvres de Joan Miró et Jean Arp). En 1935, il s’est éloigné des cercles de l’avant-garde pour commencer à travailler exclusivement sur le modèle vivant.

En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, il est revenu en Suisse où il a rencontré sa future femme, Annette Arm, qui deviendra l’une de ses modèles préférées. Pendant l’après-guerre, il s’est mis à créer de nouvelles grandes figures filiformes, puis sa réputation s’est considérablement accrue dans les années 50. En 1956, il a représenté la France à la Biennale de Venise avec l’ensemble de sculptures Femmes de Venise (il remportera le Grand Prix de Sculpture de la Biennale en 1962). Avant de quitter Paris pour la dernière fois en 1965, Giacometti a réalisé trois bustes du photographe Eli Lotar, son dernier modèle. Giacometti est mort le 11 janvier 1966 à l’hôpital cantonal de Coire. 

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