Weinende Frau

  • 2009
  • Thomas Schütte
  • Bronze patiné, circuit d'eau
  • 260 x 100 x 65 cm

"Weinende Frau" (« Femme pleurant ») (2009) est une fontaine en bronze destinée à être installée dans l'angle d'un espace d'exposition. La partie inférieure de la sculpture est composée d'une base cylindrique évasée qui sert de bassin pour la récupération de l'eau et la partie supérieure, d'une tête sculptée dans le bronze, cernée par un volume en berceau. Sur le visage, deux trous pour les yeux et un trou pour la bouche composent les trois orifices d'où s'écoule l'eau, produisant l'image symbolique de la « femme en pleurs ». La pleureuse de Thomas Schütte a connu de nombreuses transformations. En 1987, l'artiste réalise le portrait d'une femme à l'aquarelle, le regard fixe, la bouche fermée, le visage sans expression à l'exception du contour de ses yeux imbibés de larmes. Puis, dans Weinende Frau (1989), « la femme en pleurs », le visage féminin sculpté en céramique sur un panneau de bois apparaît en relief, austère et inexpressif. Plusieurs versions de la fontaine voient alors le jour. Dans Weinende Frau, Schütte adopte une réduction totale des traits du visage dans un style brut et graphique (une tête ovoïdale, une bouche taillée en losange, un point pour l'œil), sans ornement à l'exception de motifs striés qui rythment sa surface. L'esthétique minimale et stylisée de sa physionomie rappelle certaines formes d'art premier comme les masques et statuettes africaines, en particulier les poupées de fécondité Ashanti du Ghana.

© Adagp, Paris, 2014. Photo © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage

Accrochages

Thomas Schütte

Marqué par l’enseignement de Gerhard Richter, Thomas Schütte trouve, loin des formes minimales et conceptuelles dominantes, une traduction originale de sa réflexion sur la représentation du pouvoir et la responsabilité sociale de l’art dans des maquettes d’architecture conçues comme des « modèles à penser ».

L’idée de monument est centrale à sa réflexion. Intégrée dès les années 1980 dans ses maquettes et installations comme indicateur d’échelle, la figure est indissociable de cette inscription politique dans l’espace. À la suite d’un séjour de l’artiste à Rome en 1992, la figure s’autonomise. Le recours à des techniques et des matériaux traditionnels, tels l’argile, la cire, la céramique, l’acier ou le bronze, s’accompagne du réexamen des thèmes classiques de la figuration : nus féminins, personnages en pied. L'œuvre de Schütte s’exprime alors de manière plus apaisée dans des gravures, des aquarelles de fleurs et des portraits, certains intimes. Le questionnement sur l’échelle, issu du monument, demeure dans des représentations de personnages, silhouettes plus grandes que nature, distantes et absorbées en elles-mêmes.

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