Empress of India II

  • 2005
  • Bertrand Lavier
  • Tubes de néon (211 tubes répartis sur 8 panneaux de bois)
  • 196 x 580 x 12 cm
Il transpose en néons colorés des peintures à bandes de l’emblématique série des "Notched V Paintings", commencée en 1964. Empress of India II (2005) est donc la version lumineuse d’une peinture éponyme de Frank Stella datée de 1967 (conservée au Fine Arts Museum of San Francisco). Ici, l’appropriation n’implique pas la surimposition mais plutôt la transposition d’un matériau par un autre, provoquant un court-circuit d’autant plus violent que l’éclat du néon neutralise l’œuvre d’origine. Si celle-ci semble toujours présente, Bertrand Lavier, dans une démarche très popiste, lui insuffle une vitalité nouvelle en s’appropriant les modalités esthétiques propres à l’univers de la publicité urbaine.

© Adagp, Paris, 2014. Photographie © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage

Accrochages

Bertrand Lavier

Après des études d’horticulture à l’École nationale de Versailles dont l’influence se ressent dans sa démarche, Bertrand Lavier commence une carrière artistique au début des années 1970. Dans une approche où l’esprit du ready-made duchampien se mêle à l’imagerie populaire du Pop art et à la trivialité d’éléments proches du Nouveau Réalisme, l’artiste brouille les pistes, transcende les catégories traditionnelles entre peinture et sculpture, marquant un net intérêt pour l’hybridation.

Ses œuvres, qui prennent la forme d’objets peints, superposés, soclés, agrandis ou simplement détournés de leur contexte d’origine, sont organisées en « chantiers » – c’est ainsi qu’il se plaît à désigner ses séries – qu’il laisse volontairement ouverts pour pouvoir y revenir en permanence. Bertrand Lavier s’approprie aussi bien des objets quotidiens que des œuvres d’art. Ainsi, en 1985, il repeint avec sa « touche Van Gogh » un tableau de François Morellet avec les mêmes couleurs que l’original (Lavier/Morellet, 1975-1995, Paris, MNAM). Il en résulte une perception ambigüe de la peinture, dont le caractère abstrait s’efface au profit d’un statut équivoque, entre figuration et abstraction. Ce mélange des genres, des codes et des matériaux, emblématique de sa pratique artistique, produit des œuvres qui déstabilisent la perception, créant des instantanés à l’impact visuel d’une fulgurante évidence.

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