Inspiré par la statue située à l’entrée du parc Disneyland, en Californie, The Collector with Friend représente deux figures : un autoportrait de l’artiste vêtu d’un costume, la mine affable et le bras levé en signe de salut, tenant par la main la plus célèbre des souris, Mickey Mouse, qui arbore également sa caractéristique bonhomie. Mais si l’artiste se glisse sous les traits de Walt Disney – le créateur de Mickey –, il se présente, comme l’indique le titre de l’œuvre, en collectionneur accompagné d’un ami, autrement dit de Mickey, soit un ami… imaginaire. À en croire le fantastique récit qui l’accompagne, ce double portrait/autoportrait en pied, érodé et presque entièrement recouvert de protubérances, coquillages, algues et autres coraux de couleurs vives, aurait été découvert à l’occasion d’une campagne de fouilles archéologiques sous-marines, au large des côtes d’Afrique de l’Est sur le site du naufrage de L’Incroyable. Selon la légende, ce mythique vaisseau aurait disparu en mer au IIe siècle après Jésus-Christ avec à son bord une collection unique d’artefacts – commandes, copies, faux, achats et pillages – en provenance des quatre coins du monde antique, qu’un esclave affranchi d’Antioche (au nord-ouest de la Turquie), Cif Amotan II, aurait réunie. Sur près de dix ans, Damien Hirst a travaillé à la reproduction des 400 objets « retrouvés » : colosses, statues grecques et égyptiennes, sphinx en bronze, bouddha, pièces d’or, bijoux précieux, armures, etc. Ici, le mythe rejoint la réalité, l’un et l’autre se mêlent à se confondre, l’artiste cultivant avec humour et ironie une certaine ambiguïté.