Hirsch

  • 1963
  • Gerhard Richter
  • Huile sur toile
  • 150 x 200 cm
De 1961 à 1966, Gerhard Richter se consacre essentiellement aux peintures reproduisant des photographies d’objets ordinaires ou des portraits de famille.  Il met alors au point l’une de ses techniques les plus caractéristiques, une touche floue, lissée et striée, voilant ses sujets de mystère. Réalisée à partir d’une photographie prise des années auparavant, Hirsch (1963) est l’une des œuvres les plus singulières de ce corpus. Symbole de l’état sauvage dans le Romantisme allemand et les légendes nordiques, un cerf apparaît ici au sein d’une forêt. Estompée par de larges coups de brosse, cette image affirme sa présence en même temps qu’elle s’éloigne dans un espace infranchissable. Ne subsistent des arbres et de leurs ramures que les contours nettement dessinés, des formes tubulaires et curvilignes qui enveloppent l’animal dans une brume hivernale.

© Gerhard Richter 2019 (16012019). Photographie © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage

Accrochages

Gerhard Richter

D'abord héritier de la tradition académique enseignée aux Beaux-Arts de Dresde (alors en Allemagne de l’Est), Gerhard Richter s’est emparé de la photographie dès le début des années 1960 pour construire, dans la lignée du réalisme capitaliste de ses premières expositions, une réflexion sur la peinture et la finalité de l’art.

Marqué par l’expérience des années de guerre, il trouve dans ce médium une distance critique pour aborder des sujets où le politique et l’histoire sont étroitement liés à la sphère intime. Il reproduit tout au long de sa carrière des photographies de magazines et de journaux, ainsi que ses propres photographies – images de ses proches ou albums de famille –, et développe parallèlement une forme d’abstraction où coexistent grilles colorées, abstraction gestuelle et monochromes. Richter revisite ainsi, non sans distance ironique, l’histoire de la peinture, les thèmes romantiques et sublimes, l’abstraction géométrique ou lyrique. Plus qu’un parallélisme, cette coexistence entre figuration et abstraction apparaît comme une mise en abîme faisant écho à la profondeur matérielle de la surface grattée; et des éléments photographiés devinés par transparence, ou à celle, mentale, matérialisée par certains titres renvoyant à des atmosphères, des éléments naturels ou encore des prénoms. Loin d’être réductrice et conceptuelle, cette recherche de toute une vie trouve sa radicalité dans son hésitation entre effacement et dévoilement.

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