Self-Portrait

  • 1986
  • Andy Warhol
  • Acrylique et encre sérigraphique sur toile
  • 274,3 x 274,3 cm
À l’occasion d’une exposition dans la galerie d’Anthony d’Offay à Londres, Warhol laisse, comme à son habitude, son galeriste décider du sujet. Ce dernier lui commande de nouveaux autoportraits (le dernier en date étant The Shadow, 1981). Ils sont exposés pour la première fois à la galerie en juillet et août 1986. Warhol meurt quelques mois plus tard, le 22 février 1987. L’artiste effectue plusieurs versions à partir de différents Polaroids, varie les cadrages, les formats et les couleurs. Il choisit un éventail de teintes profondes et agressives (jaune, rouge, violet, vert, bleu) qu’il contraste avec un fond monochrome noir. À la différence de ses portraits en buste, Warhol ne laisse apparaître ni le cou ni les épaules, seul son visage surgit en gros plan et occupe toute la toile comme c’est le cas ici. Le visage frontal, désincarné, séparé de son corps, semble flotter tel un masque mortuaire. Warhol porte une perruque argentée de cheveux ébouriffés, surnommée « fright wig » (souvent traduite en français par « perruque panique »). La chevelure surnaturelle lui donne une allure spectrale. Le regard absent, fixé vers l’objectif, et l’expression à la fois méditative et intense de l’artiste vieillissant dégagent un mélange de désespoir et d’angoisse. L’impact du violet accentue sa dimension tragique, et le format monumental l’effet dramatique.

#warholfoundation - © 2021 The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP,Paris 2021. Used with permission of @warholfoundation

Accrochages

Andy Warhol

Acteur incontournable du Pop Art, Andy Warhol a créé un personnage qui, investissant le cinéma, les écrans de télévision, la culture gay et underground, propulsa la figure de l’artiste au rang d’icône sociale.

D’abord dessinateur de mode, il se consacre à la peinture dès la fin des années 1950, puisant ses modèles dans la presse, la bande dessinée et la publicité. Dès 1962, il adopte le procédé sérigraphique avec la série des Campbell’s Soup et ses portraits de stars (Marylin Monroe, Elvis Presley, Elisabeth Taylor), démultipliant sans fin les mêmes images. Celles-ci reflètent l’imaginaire collectif de la société de consommation, tandis que d’autres séries – les criminels, les accidents, les chaises électriques et même Jackie Kennedy en deuil – dévoilent une Amérique au bonheur traversé par la violence, le sexe et la mort. En 1964, Andy Warhol ouvre la Factory, atelier de production de ses peintures et de ses films, lieu de création mythique où se croisent artistes, poètes, acteurs, égéries, musiciens et collectionneurs. Dès 1963, apparaissent les premiers autoportraits et les Screen Tests, portraits filmés en plan fixe de 3 minutes. Puis viennent, dans les années 1970 et surtout 1980, les portraits de commande de célébrités. Réalisés en direct dans des photomatons ou à l’aide du Polaroid Big Shot, ces portraits au cadrage serré, au regard fixe, fragiles et « pétrifiés », cernent un monde simultanément contemporain et intemporel.

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